Compagnie des écrivains de Tarn-et-Garonne

Quelles sont aujourd'hui nos raisons d'espérer ?

Quelles sont aujourd’hui nos raisons d’espérer ?


Du 1er au 3 décembre 2023, la ville de Pau a fêté la 9ème édition de la manifestation culturelle annuelle : « Les idées mènent le monde » qui réunit gratuitement au Palais Beaumont de très nombreux spectateurs autour de personnalités (23 cette année) venues gracieusement exposer leurs idées sur le thème choisi qui était : « Quelles sont aujourd’hui nos raisons d’espérer ? »
Nous nous limiterons à citer les idées de quelques invités :
1° Monique Atlan et Roger-Paul Droit, respectivement journaliste et philosophe, sont dans leur ouvrage : L’espoir a –t-il un avenir ?, des avocats de l’espoir qui est pour eux l’enjeucollectif de notre siècle. Un sondage datant de dix a ns révèle que les Français croyaient moins 
en l’espoir que les Irakiens en guerre. Aujourd’hui, un nouveau sondage note que 72% des Français n’ont toujours pas d’espoir pour l’avenir. Peut-être, dit le couple de Français, sont-ils trop impatients, trop pressés.
Il ne faut pas désespérer mais compter sur les actions de solidarité, les initiatives des associations pour l’environnement, la création de liens, et aussi les progrès scientifiques et lesnouvelles technologies. À côté d’espoirs illusoires existent des aspects lumineux comme le progrès pour l’égalité hommes-femmes, la prise de paroles de victimes. Tout n’est pas joué si l’on agit avec intelligence, détermination en conservant ’Espoir.
2° Rachel Khan, conseillère à la culture de Jean-Paul Huchon, en Ȋle-de-France, jusqu’en 2015, actrice, scénariste, écrivaine, affirme qu‘espérer est le fil rouge de sa vie, d’autant plus qu’elle a un pedigree spécial (père gambien musulman, mère française d’origine juive polonaise). Par-delà la diversité des humains, elle veut trouver leur socle commun pour créer l’universalisme qui déjoue les divisions et permet d’aboutir à un projet. Cela demande de s’écouter, d’être tolérant, mais "tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir", dit-elle, et chacun doit forger le sens de sa vie, essayer de changer les choses sans se préoccuper de l’opinion des autres, et… ouvrir des livres.
3° Aurélie Jean, docteure en sciences, entrepreneuse et autrice (3 ouvrages en 2022), spécialiste en modélisation algorithmique, affirme que les datas (données numériques) peuvent être une raison d’espérer un monde meilleur car elles savent mesurer et décrire un phénomène, un détecteur de signaux, anticiper des événements (météos ou autres, éruptions). Les algorithmes présentent certaines nuances mais il faut n’utiliser que leurs bénéfices et protéger notre libre arbitre.
4° Jean de Nadau, auteur-compositeur-interprète béarnais, qui travaille avec son groupe sur la mémoire collective et individuelle, pense que les raisons d’espérer sont aussi à trouver dans le local, la langue, les coutumes qui rassemblent les générations.
5° Marek Halter (87 ans), romancier, défenseur de la paix et fin connaisseur de l’histoire juive, délivre un message d’espoir malgré les horreurs du 7 octobre et des jours suivants. Il insiste sur la force de la parole et de l’espoir. Il faudra parler au Hamas, dit-il, et après les 
violences ressurgira l’HUMANITÉ.
6° L’économiste Nicolas Bouzou se veut optimiste et revient sur les raisons de croire en notre pays. IL affirme qu’en matière d’économie et dans un monde fortement tourmenté, il nous reste beaucoup de raisons d’espérer à cause de l’accélération de l’innovation, notamment dans 
le numérique, l’intelligence artificielle, la robotique, les biotechnologies. Les technologies font progresser la lutte contre le cancer. Les innovations permettent de lutter de mieux en mieux contre les émissions de gaz à effet de serre en optimisant la consommation d’énergie. L’idéal serait de produire ces technologies plutôt que de nous contenter de les consommer.
La France est le pays du pire et du meilleur, de Pétain et de Gaulle. Il y a toujours des raisons de croire dans le sursaut français
7° Le politologue Bruno Tertrais (dernier ouvrage : La guerre des mondes : le retour de la géopolitique et le choc des empires) pense que l’affrontement ne sera pas forcément armé entre l’Occident et les autocraties car l’interdépendance des économies et la dissuasion 
nucléaire limitent ce signe et surtout, nous, Occidentaux, sommes résistants et résilients. Nos faiblesses sont moins importantes que celles de nos adversaires. La Russie et la Chine sont en très mauvaise posture sur le plan démographique face à l’Inde ou aux États-Unis. Ne sousestimons pas la capacité d’innovation et d’adaptation des démocraties. Rappelons-nous que, durant la crise sanitaire, les pays qui ont développé les meilleurs vaccins sont occidentaux. De plus, sur le plan militaire, l’Occident a la capacité de résister à un affrontement avec les pays autocratiques.
8° Le journaliste Jean Bimbaum, directeur du Monde des livres, écrit dans son dernier ouvrage : Seuls les enfants changent le monde (2023 au Seuil) : « qui prétend rallumer l’étincelle de l’espérance ferait bien de veiller sur l’enfance ». Il est important d’affirmer ceci à une époque où les jeunes refusent d’être parents.
9° Alain Dupuy, professeur en hydrobiologie à Bordeaux, est confiant en l’avenir en ce qui concerne les problèmes de l’eau car il pense que les contraintes locales dicteront des éléments d’adaptation.
10° Le cinéaste Costa-Gavras a bon espoir dans le cinéma car il parle de la société, des hommes, des femmes, de leurs relations de toutes sortes et s’enrichit de nouvelles réalisations apportant de nouveaux points de vue. Selon lui, le cinéma joue un rôle important pour pacifier la 
société.
Conclusion : Laissons conclure l’organisateur de ces journées, François Bayrou, maire de Pau.
« Il est important de rester optimiste au cœur des tourmentes comme celles que nous traversons et d’être déterminé selon l’expression de Jean Monnet. Pour cela il importe de se dépasser, de se révolter contre la fatalité et des forces apparemment incontrôlables.
Il ne s’agit pas de se bercer d’illusions mais de se montrer volontaire en conservant ses rêves. Il faut avancer, ne pas renoncer à vivre, ne pas démissionner, continuer à avoir des enfants, à les faire grandir et à les éduquer.
Malraux a écrit L’Espoir et Léo Ferré l’a défini comme « un habit de lumière à l’ombre d’un chagrin ». Tous deux nous incitent à regarder la lumière au bout du tunnel et à travailler à sontriomphe. Ne craignons pas l’avènement de l’intelligence artificielle ; il faut la voir comme un 
motif d’espoir car elle jouera un grand rôle en médecine dans les dix ans à venir. Par ailleurs, la maîtrise d’énergies plus abondantes et plus propres va changer le monde. Admirons également les auteurs et ceux qui écrivent avec de la lumière en mouvement comme les cinéastes Claude Lelouch, reçu ici l’an dernier, Costa-Gavras aujourd’hui.
Oui, je crois pouvoir dire que nous avons encore des raisons d’espérer.


Andrée CHABROL-VACQUIER
La poésie, c’est mon étoile ! (À vous lecteurs)
Créer de la beauté, malgré les vents contraires,